Les Naïades / 2013
«Fontaine je boirais bien de ton eau !»
La ville de Saint-Etienne est en train de perdre ses fontaines publiques.
Négligées, délaissées, volontairement non entretenues, elles s’ébrèchent, se cassent, se désossent, puis finissent par disparaître faute d’usage.
L’heure n’est plus à l’abondance, l’heure est à la restriction.
Mais où vont aller les mains sales, les laveurs de tapis, les assoiffés, les chercheurs d’eau, si la ville se sépare de ses fontaines ?
Dernière apparition mystico-pirates, les naïades sont autour de ces fontaines en perdition comme la rumeur d’un temps mythologique révolu. Ces déesses des cours d’eau, des mares, des bassins, joueuses et courts vêtues sont réapparues le temps d’une image habiter les fontaines stéphanoises. Elles nous rappellent que l’accès à l’eau est un des fondements de l’hospitalité d’une ville. Elles sont le rappel qu’un fluide vital court sous nos pied, enterré après avoir été le pilier fondateur de la cité. Depuis ce temps, la ville petit à petit se transforme. Elle n’est pas encore un désert aride, un milieu hostile dans lequel l’habitant, le passant, l’étranger évolueraient sans pouvoir accéder au peu de ressources gratuites qui subsistent. L’eau qui coule des dernières fontaines est l’assurance que Saint-Etienne n’est pas encore ce désert.
C'est une séance de shooting dans la ville qui fait narration. Le photographe Harry Tibon recrute des mannequins russes, et quelques complices stéphanois pour mettre en place une série de photos dans l'espace public. Les passants sont contraints de détourner leur chemin, s'interrogent, prennent en photo le dispositif, cherchent des informations, communiquent sur l'événement... Les mannequins sont sollicitées pour signer des autographes.