LES ENTRETIENS COMMERÇANTS
Les commerçants sont des acteurs ressources dans un quartier. En effet, en lien quotidien avec les habitants, impactés directement dans les projets de réaménagements urbains, présent sur le territoire parfois depuis de nombreuses années, les commerçants sont des puits de savoirs précieux. Leur paroles et leur regard permet d’alimenter notre recherche et d’avoir un point de vue pertinent sur les différents territoires explorés. Boucheries, boulangeries, épicerie du monde, ancien torréfacteur, cordonnier ou encore couturières, coiffeurs et buraliste : un foisonnement de commerces pour une richesse de regards .
"Coiffeur pour hommes"
Le coiffeur, Mohamed, est un jeune homme d’une trentaine d’années, originaire du Maroc (Oujda). Il est arrivé à Saint-Etienne en 2000. Il s’est marié au Maroc avec une française. Il a d’abord vécu à Paris puis à Saint Etienne car ses parents y vivaient. Son père (qui est arrivé en 92) avait un bar rue du théâtre et une discothèque, aux Ursules. Mohamed a ouvert son salon de coiffure à Beaubrun il y a 10 ans. Au début, il faisait coiffure mixte, désormais c’est seulement coiffure pour hommes étant donné la clientèle du quartier. Il habite le quartier Carnot. Il était déjà coiffeur au Maroc. Il a acheté ce local qui ne trouvait pas d’acheteur à l’époque. Les clients viennent d’un peu partout mais la plupart sont des habitués qui viennent toutes les semaines. Dans le quartier, il y a plus de magasins fermés, plus de chômage, des gens qui restent assis dehors à ne rien faire, il y a beaucoup d’articles sur le quartier dans les journaux. Mohamed pense qu’il y a de la petite délinquance mais que ce n’est pas aussi « chaud » que ce qu’on peut entendre dire.
"Boulanger Mas Délices"
D’origine tunisienne, il a ouvert la boulangerie au début de l’année 2015. Il a passé son diplôme de boulanger en 96, mais travaillait avant dans le bâtiment. Il est né en tunisie, au sud du pays et est arrivé en 1999 à Saint Etienne. Il travaillait aussi beaucoup à Lyon, dans le bâtiment mais suite à un accident et aux difficultés pour trouver du travail, il a décidé de se lancer dans le commerce. Il considère qu’il a peu de clients, ça ne marche pas très bien, il y a des pertes le soir. Avant d’être une boulangerie, la boutique était une fromagerie. Le boulanger précédent a essayé de développer l’activité pendant deux ou trois mois puis lui a revendu le local. A l’occasion du ramadan, il propose davantage de gâteaux mais ça ne marche pas cette année : chaleur, soldes, vacances ?
Il a appris le métier avec ses cousins boulangers. Son père vivait à Saint-Etienne depuis les années 70, il était chauffeur de poids lourds, sa mère est venue par regroupement familial en 1994. Depuis 2009-2010 : les commerces ferment, tout est interdit (se garer, circuler) ajouté à cela les effets de la crise. Il a des clients du quartier et d’autres qui viennent de plus loin pour le Ramadan. On sait que c’est un quartier où l’on peut trouver tous les gâteaux orientaux. Avec le départ de la CAF, il a peur que les clients de passage ne s’arrêtent plus dans les boutiques du quartier.
ENTRETIENS SONORES - RÉCITS DE VIE
Travail déjà amorcé pendant la phase d’immersion des JEP, les entretiens sonores se sont poursuivi tout le long du projet, apportant une matière indispensable à la compréhension du territoire et de ses acteurs. Ces entretiens sonores sont en cours de montage et seront diffusés dès septembre 2015 dans le cadre de l’exposition Saint-Étienne cosmopolitaine, réalisée par les Archives Municipales.