Sol(s) en partage – Réseau ERPS
10ème rencontres du réseau Espace Rural & Projet Spatial
Ambert, 2021
Dans le cadre des 10ème rencontres ERPS à Ambert, à l’automne 2021, Carton Plein propose de partager avec les participants ses expérimentations en imaginant une itinérance dans la ville d’Ambert et aux alentours (Vertolaye, Job) suivie d’une mise en débat de ses hypothèses de travail lors d’une table ronde en plénière.
Le temps d’enquête collectif vise à questionner la transmission des lieux traditionnellement considérés comme des ressources pour le territoire (restaurants, commerces de proximité, friches industrielles et institutionnelles, espaces publics et naturels délaissés) souffrant de manques de perspectives et d’attrait. Comment les dynamiques collectives locales (dont certaines sont menées par le collectif) tentent-elles de se ressaisir de ces communs en déshérence comme sources de créativité, en développant des stratégies de coopération multiples ?
Ce travail s’appuie sur deux recherches actions menées actuellement par l’association dans son territoire d’ancrage. En premier lieu, le projet En Communs, autour de la collecte de récits liés à la gestion collective des communs (notamment de l’eau, du bois, de la forêt, des communaux, des chemins…) sur le territoire du PNR Livradois Forez. Cette démarche s’intègre aussi dans le programme de recherche-action Vieillir Vivant!, cycle de résidences porté par Carton Plein sur 6 territoires en France (dont le Livradois-Forez) autour des enjeux du vieillissement et de la place des aînés dans la société, qui s’intéresse particulièrement aux questions de transmissions intergénérationnelles.
Retrouvez notre participation à l’ouvrage collectif Partager les sols. Milieux Ressources et Mémoires en question avec l’article « Nouveaux communs ruraux : entre tradition, transmission et militantisme ». Sous la direction de Georges-Henry Laffont et David Robin, aux éditions PU SAINT ETIENNE. Novembre 2024.
Nouveaux communs ruraux : entre tradition, transmission et militantisme [extrait]
De par son ancrage dans la Communauté de communes Ambert Livradois Forez, Carton Plein se trouve à l’intersection des dynamiques privées et publiques qui dessinent les nouvelles lignes de tension des territoires ruraux. Aujourd’hui la redynamisation des centres bourgs et des territoires ruraux passe aussi bien par des dispositifs publics que des initiatives privées (associatives, entrepreneuriales, militantes…) qui s’hybrident et ouvrent des espaces de co-création. De nouvelles formes de communs prennent vie – tiers lieux associatifs, espaces publics réinventés, travail de mémoire, projets d’urbanisme participatifs… – dans des formes hétéroclites et des gouvernances collectives qui remettent en question le rapport à la propriété, au sol, au patrimoine, et plus largement au territoire.
Dans sa pratique, Carton Plein s’intéresse à l’héritage des communs ruraux dans la région d’Ambert autour de la valorisation des mémoires locales liées aux activités de soin et d’accueil, à la transmission des commerces de centre bourg, à la gestion collective des ressources naturelles et des paysages, mais aussi à la réactivation du patrimoine ferroviaire. D’autres collectifs et citoyens, souvent nouveaux venus, s’emploient sur des champs proches en créant des lieux collectifs, en achetant de la terre en commun, en imaginant des événements fédérateurs… Alors comment les communs vernaculaires, pour la plupart enfouis dans la mémoire des ancien.nes, ou tombés en désuétude, cohabitent ou interagissent avec la culture du commun défendue par ces nouveaux acteurs de la ruralité ? Quelles nouvelles passerelles s’inventent entre des identités et des récits politiques différents, mais singulièrement attachés aux ressources locales, aux sols, aux paysages, et à leur préservation ? Quels combats peuvent être formulés face à la détérioration du milieu et à la fragilisation des écosystèmes ruraux ? Une histoire commune peut-elle s’écrire à l’endroit du prendre soin territorial ?
Sur un territoire de moyenne montagne encore déprécié qui peine à retrouver l’attractivité souhaitée, il nous semble plus important que jamais de reconstruire un récit des communs ruraux politiquement fort, fédérateur, et agissant, à la rencontre entre la transmission des savoirs vernaculaires et les motivations des nouveaux habitants. En effet, il nous semble que dans cet espace de négociation, la vacance et le peu de pression sur le milieu, deviennent le ferment d’une autre voie de ménagement possible.